Pidion Haben (rachat du premier-né) Mékor Haïm Kitzour Choul'han Aroukh, R. 'Hayim David Lévy



BS"D


Traduction de Ralph Anzarouth


Rachat du Premier-né


A) C'est une Mitzvah positive pour tout homme juif de racheter son fils mâle, premier-né d'une mère juive, car il est dit (Exode 34, 19): "Tout ce qui ouvre la matrice est à Moi" et il est dit (Nombre 18, 15): "Tu rachèteras certainement le premier-né humain". Cette Mitzvah est en vigueur en tout lieu et en tout temps. Quel est le montant du rachat (Pidione)? Cinq Sela, c'est à dire trente drachmes d'argent purifié, le poids d'une drachme étant de 3,2 grammes d'argent purifié. Il faut évidemment vérifier quelle est la valeur de l'argent purifié au moment du rachat.


B) Le Cohen qui le souhaite peut rendre l'argent du rachat, mais malgré cela [le père] ne doit pas donner [cet argent] au Cohen avec la condition qu'il le lui rende; s'il agit de cette façon, son fils n'est pas racheté. Lésiner à ce sujet n'est pas une attitude appropriée: tout comme on engage des frais pour le banquet et pour faire réjouir ses amis, de la même façon il est obligatoire de rechercher un Cohen nécessiteux et dévoué à l'étude de la Torah afin d'accomplir le rachat selon les règles.


C) La mère n'est pas tenue à racheter son fils. Et si le père ne veut pas racheter son fils lorsque celui-ci est encore un enfant, on l'y oblige. Si le père a transgressé [cette Mitzvah] et n'a pas racheté son fils (ou bien s'il est décédé avant le Pidione), celui-ci doit se racheter une fois devenu adulte. Il a été écrit qu'il faut marquer sur une plaque d'argent qu'il n'a pas été racheté et qu'on la lui attache au cou afin qu'il sache qu'il devra se racheter, lorsqu'il sera adulte. D'autres disent que sa famille élargie ou le Tribunal Rabbinique doivent pourvoir à son rachat.


E)1 Les Cohen et les Levites sont exemptés du Pidione Haben; aussi le fils d'une mère Cohen ou Levite mariée à un simple Israel est exempté du rachat.


F) En tout cas de naissance illégale ou en cas de mariage interdit, même lorsque l'union acquiert une validité a posteriori2, il faut poser la question à une autorité rabbinique certifiée. En cas d'avortement3, il n'y a pas de différence si celui-ci a eu lieu dans le cadre du mariage ou précédemment.


G) L'enfant né par une césarienne est exempté du Pidione, car il n'est pas sorti de la matrice et la Torah a précisé la condition de "ouvrir la matrice". L'enfant suivant sera exempté aussi, car un autre l'a précédé.


H) Le premier-né peut être racheté seulement après la fin de son trentième jour: et après trente jour, qu'on le rachète immédiatement pour éviter de retarder la Mitzvah. Si le trente-et-unième jour tombe un Shabbat, on le rachètera [le lendemain] dimanche. Lorsque la date d'un Pidione est un Shabbat, un jour de fête, un jour de jeûne public, il faut adresser la question à un Rabbin certifié.


I) L'habitude que certains ont pris de retarder la Mitzvah du rachat jusqu'à l'après-midi du trente-et-unième jour n'est pas bonne, car les personnes zélées font les Mitzvot dès qu'elles se présentent. Ceci, même si l'intention est de célébrer la Mitzvah devant un grand public en l'honneur du Roi4. Mais si la question peut engendrer des disputes en famille, on fera le Pidion dans l'après-midi et le Bon D-ieu pardonnera. Dans ce cas, il est préférable d'effectuer le Pidion le soir du trente-et-unième jour5.


J) Dans le cas d'un premier-né qui a été malade et n'est pas encore guéri à l'arrivée du trente-et-unième jour6, il faut donner la priorité à la Mitzvah de la circoncision qui symbolise l'entrée dans l'alliance [avec D-ieu], pacte sans lequel il n'y a aucune obligation d'accomplir la Mitzvah du Pidione. Mais s'il n'est pas encore guéri, on le rachète au moment approprié, le trente-et-unième jour, et la circoncision aura lieu lorsqu'il sera guéri.


K) Il est souhaitable d'effectuer le rachat devant un Minyane de dix personnes. Il est coutume d'offrir un repas [de Mitzvah] lors du Pidione Haben, et l'on a coutume de dire que [la présence au] repas du rachat du fils vaut autant que [le mérite de] 84 jeûnes7. Et le sens de ce banquet est de se réjouir pour le Pidion Haben, pour une bonne vie et pour la paix.

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Notes du traducteur:
[1] Dans toutes les éditions que nous avons consultées il n'y a pas de paragraphe D.
[2] En théorie, ils existent de très rares cas où un mariage qui n'est pas consenti par la loi juive, une foi effectué de façon illégale, n'est pas annulé et l'union est considérée scellée. Dans la pratique, on ne voit quasiment jamais ce cas de figure.
[3] Si la mère a déjà eu un avortement, il est possible que celui-ci exempte du Pidione l'enfant qui naîtra par la suite. Ici aussi, seul un rabbin expert et compétent sait calculer les tenants et les aboutissants de chaque cas.
[4] Le Roi est l'Eternel, qui a commandé ce précepte.
[5] C'est à dire la veille, après la tombée de la nuit, car nos jours commencent le soir et se terminent le lendemain (entre le coucher du soleil et l'apparition des premières étoiles). Donc le soir du trente-et-unième jour tombe la veille du trente-et-unième jour.
[6] Et donc sa circoncision a été retardée jusqu'au trente-et-unième jour.
[7] Ce chiffre correspond à la valeur numérique des lettres Pé et Daleth, qui composent la racine du mot "Pidion". Les sources de cette croyance ne sont pas faciles à cerner. Finalement nous avons trouvé une lettre du dernier Rabbi de Loubavitch (du 22 'Hechvan 5715) qui cite une source, que nous avons pu répérer (comme souvent, sur hebrewbooks.org). La voici: Shem Mishim'on, de Rabbi Shimon Pollack, volume 10, chapitre 29 .

Tiré du Mékor 'Hayim (Kitzour Choul'han Aroukh) de Rabbi 'Haïm David Lévy. Ce texte est le chapitre 124, sur le rachat des premiers-nés. "Mékor 'Hayim" signifie "Source de Vie".


Comme indiqué dans ce texte de Halakhah juive, le rachat du premier-né est presque toujours obligatoire. Hélas, il est parfois négligé. Si le lecteur est un fils ainé (tout en répondant aux conditions indiquées ci-dessus) et il a un doute au sujet de son propre rachat, il est indispensable qu'il interroge ses parents pour savoir si son Pidione a eu lieu lorsqu'il était enfant. Dans le cas contraire, il faut absolument consulter une autorité rabbinique qualifiée pour accomplir aussitôt cette importante Mitzvah du Pidion Haben. Si nécessaire, nous écrire.