L'éclat du visage, par Rav 'Haim Kanievsky, tiré du "Or'hot Yocher"

BS"D


Traduit par Ralph Anzarouth


L'éclat du visage: le juif et sa barbe


L'éclat d'un visage, c'est la barbe1. Et c'est pour ça que l'imberbe sadducéen2 fut méprisé, lorsqu'on dit de lui: "Bénit soit l'Eternel qui t'en a privé!"3. Et pour toutes les générations l'absence de barbe était un grand déshonneur et seulement les toutes dernières générations ont commencé à négliger cet aspect, suivant ainsi les non-juifs.


Il est écrit dans le Targoum Yonatan que [celui qui coupe sa barbe] transgresse l'interdiction (Devarim 22, 5) "Un homme ne s'habillera point d'un vêtement de femme" et ceci même s'il coupe sa barbe avec des ciseaux. Le Séfer Ha'hinoukh écrit la même chose, en ajoutant qu'il transgresse aussi l'interdiction (Vaykra 18, 3) "Vous ne vous conformerez point à leurs lois", et le 'Hafetz 'Haim l'a inclue dans le "Petit Livre des Mitzvot".4


Notre maître le 'Hazon Ich était très mécontent de [ceux qui coupent leur barbe]. Et on ne parle pas des machines à raser qu'on utilise aujourd'hui et dont le 'Hafetz 'Haim a déjà écrit5 que de cette façon on transgresse l'interdiction (Vaykra 21, 5) "Ils ne raseront point l'extrémité de leur barbe". Et notre maître le 'Hazon Ich était très sévère par rapport à tous les types de machines à raser et il interdit de les vendre même à ceux qui se rasent avec des lames, même lorsque le but est celui de les sauver de l'interdiction d'utiliser les lames. Il ordonna de les vendre au non-juif6.


De même, mon seigneur et père, mon enseignant et mon maître7, que sa mémoire soit bénie pour la vie du monde futur, était extrêmement sévère à ce sujet, [jugeant que la machine à raser] est vraiment très proche de la lame du rasoir, et on transgresse cinq interdictions. Ainsi écrit aussi notre maître le Gaon Rabbi Elazar Ména'hem Shakh, que la mémoire du juste soit bénie: "Quant à couper sa barbe avec une machine à raser électrique, qu'on consulte le livre 'Likuté Halakhot' de l'auteur du 'Hafetz 'Haïm8 sur le traité Makkot9, où il écrit que c'est interdit et qu'il ne faut pas être indulgent. On sait aussi que le 'Hazon Ich, que la mémoire du juste soit bénie, l'interdisait avec n'importe quelle machine". Et il n'était pas du tout satisfait non plus de ceux qui s'épilent avec une crème, qu'on appelle "herbe".


Le 'Hafetz 'Haïm a rédigé un livre entier à ce sujet, le "Tiféret Adam", dans lequel il dit: "Il est juste de faire attention à ne pas couper sa barbe même avec des ciseaux, car les sages qui étudient la Kabbalah ont écrit qu'en faisant ça on coupe les canaux de la sainteté d'en haut et nos pères ainsi que les pères de nos pères dans ce pays avaient la coutume d'être stricts à ce sujet. Surtout aujourd'hui, alors que de nombreux rebelles au sein de notre peuple ont la coutume de se raser avec une lame de rasoir, c'est une grande Mitzvah de ce renforcer à ce sujet et de ne pas raccourcir sa barbe pas même avec des ciseaux: ceci, pour montrer à tout le monde que nous aimons les Mitzvot que la Torah a ordonné au juif pour son perfectionnement, et nous n'en avons pas honte, que D-eu nous en préserve".10


Nous trouvons de même dans le traité Bérakhot11: "A quoi cela ressemble-t-il? A un homme auquel on dit: ta barbe est longue. Et il leur répond: que ceci puisse servir de compensation par rapport à ceux qui la rasent". Et Rabbi Yéhuda a commenté dans les Tossephot12 qu'il faut comprendre le passage de la façon suivante: "On lui a demandé: pourquoi est-elle si longue? A quoi il répondit: car il y a des gens qui la rasent entièrement, transgressant ainsi l'interdiction de (Vaykra 19, 27) 'Ne rase pas etc.', donc je fais preuve du contraire".


Aussi, dans le "Kovetz Iguerot" de notre maître le 'Hazon Ich13: "En ce qui concerne [la crème dite] "herbe", si ce n'est pas une herbe [qui donne la] mort, ce n'est pas non plus une herbe de vie, et je trouve ceci très pénible, car [l'absence de barbe] ne découle pas de la modestie et ce n'est pas une tenue de juif: cela a plutôt était appris des non-juifs pendant l'exil et en faisant ça on nie la sainteté". Et il écrit aussi14: "J'ai toujours réprouvé la coupe de la barbe d'une façon qui ressemble à la raser, car j'ai reçu de la génération précédente l'habitude à l'interdir; on voyait ça comme un acte d'une grande gravité, comme sortir sans un couvre-chef, et c'était considéré un changement de tenue [par rapport à la] tenue du juif. Et même si cette plaie c'est étendue aussi parmi les hommes de Torah, qu'ils vivent, l'acte n'en est pas différent pour autant et mon âme répugne à ce sujet".


Notre maître de mémoire bénie dit aussi que, lorsqu'il recevait la visite d'un homme qui enlevait sa barbe ou qui faisait pousser une frange de cheveux, il se sentait très mal jusqu'au point de vomir. Aussi, il réprouvait le report des papillotes derrière les oreilles, en disant que [celui qui le faisait] donnait l'impression d'avoir honte des Mitzvot, et il ne fallait donc pas le faire. Aussi mon seigneur et père, mon enseignant et mon maître, que sa mémoire soit bénie pour la vie du monde futur, disait qu'il ne fallait pas le faire; à l'étranger ils avaient peur des non-juifs, qui se moquaient d'eux, mais ici en Terre d'Israël, la génération des hommes de Torah a fait beaucoup de progrès - Hashem soit béni - et il'n'y a donc aucune raison de négliger cette conduite. Que Hashem béni nous donne le mérite d'avoir toujours un aspect de juif, comme le veut la Torah.



Notes du traducteur:
[1] Talmoud Bavli, traité Chabbat 152a.
[2] Le renégat appelé Tzaddok, qui avec ses élèves quitta le Judaïsme et fonda une secte qui prit son nom (sadducéens = צדוקים).
[3] Privé de l'éclat du visage qui est la barbe, privé d'une femme qui est la joie du cœur et privé d'enfants, qui sont un héritage de la part de Hashem (ibid.).
[4] Séfer Hamitzvot HaKatan (Mitzvah négative 177).
[5] Likuté Halakhot Makkot 21b, dans Ein Michpat 7.
[6] Le non-juif n'est pas tenu à respecter nos Mitzvot et donc il peut utiliser les machines à raser.
[7] Rabbi Yaakov Yisrael Kanievsky, dit le Steipler.
[8] Rabbi Israel Meïr Hacohen Kagan.
[9] Du Talmoud Bavli. Le passage se trouve en correspondance de la page 14b, dans le Ein Michpat.
[10] Le livre Tiferet Adam est disponible en ligne au format PDF sur le site israel613.com (le texte mentionné se trouve à la première page).
[11] Du Talmoud Bavli. Le passage se trouve à la page 11a.
[12] Ceci s'y trouve aussi dans les 'Hiduché HaRashba'.
[13] Kovetz Iguerot 1, 197.
[14] Ibid. 198.

Ce texte tiré du livre Or'hot Yocher a été commenté et publié par l'association homonyme dans une série de livrets appelés Or'hot Hamoussar. En principe, les traductions du Or'hot Hamussar ne sont pas autorisées et notre site anzarouth.com a reçu un permis exceptionnel. La série des Or'hot Hamoussar est dédiée à la mémoire bénie de la femme de l'auteur, la Rabbanite Batchéva Kaniewsky עה"ש. Aussi la traduction en français du texte ci-dessus est dédiée à l'élévation de son âme ainsi qu'à la Réphuah Chélémah de son père יל"א Rabbi Yossef Chalom Elyachiv ben 'Haya Mucha parmi tous les autres malades du Peuple Juif.