Le Contraire de la Délivrance – par le Rabbi de Loubavitch Ména'hem Mendel Schneerson



BS"D


Un autre texte de Judaïsme traduit en français par Ralph Anzarouth pour les lecteurs du site ‘Maestri della Torà’


Donc, au sujet du Messie, Rambam [Maïmonide] dit (Michné Torah, Lois des Rois, fin du chapitre 11): “Un roi va surgir de la descendance de David, érudit dans la Torah et fidèle aux Mitzvot, qui entraînera tous les juifs à suivre la Torah et à renforcer son observance; et il combattra les guerres de D-ieu”. C'est à dire que le Messie va porter tous les juifs à faire Techouvah. Il ne soumettra pas le respect de la Torah et des Mitzvot à une “votation”, dans laquelle c'est la majorité qui gagne. Au contraire, il est dit “il entraînera tous les juifs” et “il combattra les guerres de D-ieu”. Ainsi il se dévouera afin que tous les juifs observent la Torah et les Mitzvot.


Lorsque l'on soumet la Torah et les Mitzvot à une “votation”, afin de confier la décision à “l'avis de la majorité”, là où la majorité est composée des mêmes personnes dont il est dit (Isaïe 8, 12): “N'appelez point coalition ce que ce peuple appelle coalition” (selon l'interpretation qu'en donne le Talmud1) - ceci est justement l'opposé de “il entraînera tous les juifs” et “il combattra les guerres de D-ieu”!


Mais, malheureusement, la dissimulation et l'aveuglement sont si profonds qu'ils appellent cette étape et cette situation “At'halta Degéoulah - le début de la délivrance”!...


Non seulement ce n'est point le “début de la délivrance”, mais au contraire, c'est l'obscurité doublée et quadruplée, d'une ampleur qui n'a aucun précédent au monde!


Et comme l'a dit mon saint maître et beau-père le Rabbi [précédent] dans le discours de Pessa'h de l'an 5703a (imprimé lorsqu'il était encore vivant dans ce monde), l'exil auprès des juifs est pire que l'exil auprès des peuples du monde. Ceci, car les peuples du monde n'ont pas d'emprise sur la sainteté et ne peuvent donc pas provoquer une si grande dissimulation - prendre son opposé et déclarer qu'il s'agit d'une chose sainte - car ceci n'est pas de leur domaine. L'inverse est vrai pour le juif, car il appartient au domaine de la sainteté et il peut donc saisir ce qui est le contraire de la sainteté et le recouvrir avec un revêtement de sainteté!


Ils mentionnent donc le texte du Rambanb qui inclut dans le décompte des [613] Mitzvot la résidence dans la Terre d'Israël (et même les autres avis, selon lesquels résider dans la Terre d'Israël n'en fait pas partie, en tous les cas ils le considèrent aussi comme un ordre du Saint, béni soit-Il) et ils abusent de ce sujet - l'attachement de tous les juifs à la Terre d'Israël et donc leur attachement à la résidence dans la Terre d'Israël - et ils en tirent profit pour ce qui est le contraire de la sainteté, en disant que le fait d'habiter la Terre d'Israël et de marcher quatre coudées sur la Terre d'Israël est suffisant, rappelant que nos Sages de mémoire bénie ont dit que celui qui le fait est assuré d'une part dans le monde futurc; de plus, il “parle la Langue Sainte”, donc son niveau est très élevéd et ceci le rendrait quitte de toutes les Mitzvot, que D-ieu nous en préserve!


Ils disent que jusqu'à maintenant, les Mitzvot étaient nécessaires afin de maintenir l'union du Peuple Juif; mais maintenant que la Terre d'Israël est dans les mains des enfants d'Israël, l'union [du peuple] est assurée par la Terre d'Israël, et donc il n'y a plus besoin de Mitzvot, que D-eu nous garde!


La Terre d'Israël est (Devarim 12, 10) “Un pays [...] constamment sous les yeux de l'Eternel ton Seigneur, depuis le commencement de l'année jusqu`à sa fin” et c'est aussi (Bamidbar Rabba 19, 13 et Yalkout Shim'oni, Parachah de Ekev, 867) “le palais du Roi”. Et leur intention est de profiter de la Terre d'Israël elle-même pour combattre e se rebeller contre le Saint béni soit-il, que D-ieu nous en préserve!


Et comme nous l'avons expliqué, les peuple du monde n'ont pas le pouvoir de provoquer une telle dissimulation et un tel aveuglement, car ils n'appartiennent pas à la sainteté. La seule chose que les peuples du monde puissent faire est asservir les corps des enfants d'Israël, comme l'a dit le Rabbi [précédant], qu'il puisse reposer dans le Gan Eden (Si'hot, 3 Tammuz 5687, page 169): “Seuls nos corps ont été soumis à l'exil et à l'asservissement aux peuples du monde, mais nos âmes n'ont pas été livrées à l'exil ni à la maîtrise et à la domination de la part des royaumes”. Et aussi par rapport aux corps, [les peuples] peuvent seulement provoquer dissimulation et aveuglement (afin de susciter [en nous] la force du don de soi), mais ils ne peuvent pas profiter des éléments de sainteté qui en ressortent.


Et seulement les enfants d'Israël, qui possèdent (Talmud Bavli, traité Yébamoth 122a) "l'ombre d'une ombre", c'est-à-dire qu'ils ont une relation avec la sainteté, ont le pouvoir de prendre l'antithèse de la sainteté et prétendre par la fraude qu'il s'agit d'une chose sainte: en d'autres mots, de profiter de ce qui appartient à la sainteté elle-même pour en faire un usage opposé (de la même façon qu'il a été expliqué que l'opposition à la 'Hassidout ne pouvait émaner que d'un juif, car il possède l'ombre d'une ombre).


Ils utilisent le fait qu'il leur a été accordé le pouvoir de "marcher quatre coudées sur la Terre d'Israël", le "palais du Roi", et ils en profitent pour agir contre le Saint béni soit-Il et contre la Torah et les Mitzvot, comme dans les expressions (Torat Kohanim et Rachi sur Vayikra 26, 14) "il connaît son Maître et il décide de se révolter contre Lui" et (Ester 7, 8) "séduire la reine lorsque je me trouve dans le palais"!


Et bien que cette situation représente un dur exil, un exil dans l'exil comme on en avait jamais connu (où l'on utilise des sujets de sainteté2 pour se rebeller contre Lui, comme expliqué précédemment, que D-eu nous garde), malgré cela la dissimulation et l'aveuglement sont si profonds qu'ils appellent ce dur exil - cette même obscurité doublée et quadruplée - le “début de la délivrance”!


Cette dissimulation, par laquelle ils nomment “délivrance” ce qui est [en réalité] un exil, est encore plus grave que l'égarement dû à l'exil lui-même!


Toute cette question n'est qu'une grande épreuve: puisque nous allons bientôt connaître la délivrance complète grâce à notre juste Machia'h et dès lors toutes les étincelles seront délivrées3, alors afin d'affranchir toutes les étincelles il était nécessaire de connaître un grand aveuglement et une grande épreuve supplémentaire, dans laquelle vont chuter même des juifs qui observent la Torah et les Mitzvot; et ceci car c'est justement par une si grande épreuve que l'on peut raffiner même les étincelles cachées dans les abîmese.


En effet, sans regarder la taille de la dissimulation et de l'aveuglement, il faut savoir qu'au contraire: le fait que la dissimulation soit si formidable est justement le signe que la délivrance commencera aussitôt après. Comme dans une roue, lorsqu'on arrive au point le plus bas, en dessous duquel il n'y a plus rien, c'est là que la remonté commence.


Ce point lui-même est précisément le point le plus bas et pas du tout le début de la remontée (ainsi qu'ils l'appellent, en le nommant “le début de la délivrance”); ce n'est qu'après ce point que commence la délivrance complète par le biais de notre juste Messie.


Que D-eu béni veuille que son arrivée soit marquée par un trait de (Isaïe 60, 22) “Beitah Achishenaf - En son temps, je la précipiterai”. La forme “je la précipiterai” comporte un avantage et la forme “en son temps” aussi. Que D-eu béni veuille que la délivrance présente les deux avantages, celui de “Beitah - en son temps” et aussi celui de “Achishena - je la précipiterai”. Et puisque toutes les dates limite ont déjà été dépasséesg, cela peut arriver maintenant, “en son temps, je la précipiterai”.

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Notes du texte:
[a] Likout 23, par. 33 (Tammouz 5703, Brooklyn). Références supplémentaires dans le texte en hébreu.
[b] Rabbi Moché ben Na'hman (Na'hmanide), Livre des Mitzvot, annexe à la Mitzvah 4. Voir aussi le commentaire à la Torah, Dévarim 33, 53
[c] Voir Talmud Bavli, Ketoubot 111a et Rambam, Michné Torah, Lois des Rois 5, 11.
[d] Voir Talmud Yérouchalmi, Chabbat 9.3 (vers la fin).
[e] Ici le Rabbi a interrompu son discours pour dire: “Certains pensent que ces discours sont nuisibles, pourtant la vérité est que non seulement ils ne sont pas nuisibles, mais ils seront même utiles”.
[f] Voir aussi le Talmud Bavli, traité de Sanhédrin, feuille 98a.
[g] Voir le Talmud Bavli, traité de Sanhédrin, feuille 97b.

Notes du traducteur:
[1] Le traité de Sanhedrin (feuille 26a) explique qu'une coalition de malfaiteurs ne compte pas dans la composition d'une majorité.
[2] Les exemples sont nombreux: la Ménorah comme symbole de l'état; la langue; les noms des rues et des villes; le jour de repos hébdomadaire; l'étoile de David dans le drapeau, avec les deux bandes bleues censées représenter le Tallit. A la naissance de l'état, le drapeau comportait aussi des franges, comme ici: ces franges (Tzitzit) devaient soi-disant rendre le juif quitte de son obligation d'en porter sur ses vêtements: “en vous tenant en garde à vous devant le drapeau, vous remplissez parfaitement votre obligation religieuse et nationale”.
[3] La purification et la rédemption des étincelles de sainteté prisonnières dans ce monde: il s'agit d'un concept Kabbalistique et 'Hassidique important, que nous n'allons pas expliquer dans cet espace. Qui a la préparation nécessaire pour ce genre d'études sait déjà où trouver ces renseignements.

Si'ha du Rabbi Ména'hem Mendel Schneerson, dernier Rabbi de Loubavitch, tirée du Torat Ména'hem, volume 14, année 5715, deuxième partie, deuxième jour de Chavouot. L'article est disponible en hébreu ici (paragraphes 19-21 י"ט-כ"א). Nous recommandons la lecture de ce texte du Rebbe de ‘Habad à ceux parmi ses disciples qui, probablement par manque de connaissance, soutiennent le projet sioniste que leur Rebbe définit “obscurité doublée et quadruplée, d'une ampleur qui n'a aucun précédent au monde!


Autres textes en français de Rabbi Ména'hem Mendel Schneerson, le Rabbi de Loubavitch:
La Ménorah du Temple (Likouté Si'hot) et
Ministre des Religions (Igrot Kodech).